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LEPITEUX, au facteur.

Facteur, il n’y a rien pour moi, aujourd’hui ?

LE FACTEUR.

Non, M. Lepiteux. (il sort.)

LEPITEUX.

C’est très-heureux. Vous n’avez pas d’idée comme les lettres font mon supplice ; j’en reçois quelquefois dix par jours : tout mon argent s’en va en détail.

Mad. GUILLERET.

C’est fâcheux.

GUILLERET, transporté.

Ah ! je la tiens, je la tiens par les cheveux, ma femme !

LEPITEUX.

Qu’est-ce qu’il y a donc ?… Qu’est-ce que vous tenez ?…

GUILLERET.

La fortune !

TOUS.

La fortune !

GUILLERET.

Beau-Soleil ! ma voisine ! mon bon M. Lepiteux !

(Il les embrasse tous.)
LEPITEUX.

Doucement donc : êtes-vous fou ?

GUILLERET.

Ma foi, il y a de quoi perdre la tête. C’est M. Ribout.

Mad. GUILLERET.

Ton notaire qui t’écrit ?

GUILLERET.

Lui-même. Mais écoutez donc quelles nouvelles. (Tout le monde se groupe autour de lui. Il lit.) « Mon cher M. Guilleret, je m’empresse de vous donner avis que le sieur Claude-Mériadel-Michel Guilleret, fils d’Antoine-Balthazard Guilleret, votre oncle, est décédé. »

LEPITEUX.

Décédé !… Un billet d’enterrement ! vous appelez ça une bonne nouvelle ?

Mad. GUILLERET.

Nous n’avons jamais connu ce parent-là.

GUILLERET.

Vous n’êtes pas au bout, morbleu ! Écoutez donc.

LEPITEUX.

Allez, allez. Décédé.

GUILLERET.

« Ledit Claude-Mériadel-Michel Guilleret, négociant à la Martinique, veuf et sans enfans, a laissé en mourant pour