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GUILLERET.

N’êtes-vous pas à même de faire du bien à tout ce qui vont entoure ?

LEPITEUX.

Faire du bien ? Parbleu, si je voulais, personne ne m’en empêcherait. Mais qui est-ce qui vous dit que je n’obligerai pas des ingrats ?

GUILLERET.

Avec cette crainte-là ; on n’obligerait jamais.

LEPITEUX.

Je veux m’épargner des peines. Je suis doué d’une sensibilité si surprenante. Enfin, je ne peux pas voir couper le cou à un dindon, à une oie, ou autres volatilles semblables, sans que ça me… Hou ! tout mon sang se caille dans mes veines.

GUILLERET.

Cependant, lorsque le dindon est bien rôti, bien cuit à propos, vous le mangez.

LEPITEUX.

Certainement, je le mange, parce que les dindons sont naturellement faits pour être mangés. Eh bien, ça ne me profite pas.

GUILLERET.

Laissons de côté les dindons, mon voisin. Dites-moi : mariez-vous bientôt votre fille ? vous savez que mon fils…

LEPITEUX.

Votre fils… ma fille… je sais… un mariage… encore des soucis par-dessus la tête. Tenez, voici ma femme ; parlez-lui en.


Scène IV.

Les Précédens, Mad. LEPITEUX.
Mad. LEPITEUX, un livre à la main.

Ah ! mon ami, vous avez eu tort de me quitter.

GUILLERET.

Bonjour, madame Lepiteux.

Mad. LEPITEUX.

Je viens de tomber…

LEPITEUX.

T’as tombé, bobonne, t’es-tu fait bobo ?

Mad. LEPITEUX.

Je viens de tomber sur un livre qui vous eut arraché des larmes.