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à la signora Bellovici, ni même à l’infortuné Mr. Wellstone. Un étranger que l’on ne connaissait d’Ève ni d’Adam, était-ce permis de se mettre dans des états pareils à son sujet ?

— Je vous en prie, Agathe, disait M. le curé.

Une fois lancée, la vieille ne s’arrêtait pas en si beau chemin.

— Oui, je sais bien, marmonnait-elle. Il était dans les papiers de mam’zelle Juliette, ce garçon. Et puis après ? C’est-il une raison pour vous rendre plus malade qu’elle ? On les connaît, ces jeunesses. Allez, allez, ne vous tourmentez point, elle aura tôt fait de sécher ses yeux.

Bref, pendant quelques jours, le saint homme a essuyé de tels assauts qu’il ne tient pas à s’y refrotter.

— Bien ! bien ! ma nlle[illisible], dit-il, remettez-moi cette lettre et ne nous fâchons pas.

Afin de se dérober à la redoutable sollicitude de la virago, il se hâte de s’enfermer dans son cabinet de travail. Ici du moins, il sera tranquille. Agathe elle-même n’oserait l’y relancer, tant est impressionnante l’ordonnance à la fois sévère et religieuse de cette pièce, où les objets de piété voisinent avec d’antiques bouquins, vénérablement reliés et qui semblent recéler, sous leurs beaux fermoirs de cuivre et d’argent toute la sagesse humaine. Ailleurs, il se peut qu’elle mène son maître tambour battant. Mais céans, c’est comme à l’église : le prêtre recouvre toute son autorité, et elle ne s’y fie point.

Que veut la signora Bellovici et pourquoi prend-elle la peine de récrire à M. l’abbé Divoire ? C’est ce que M. l’abbé Divoire se demande anxieusement. Peut-être avait-elle à lui faire part de quelques détails inédits sur la fin édifiante de Mr. Wellstone. Mais peut-être aussi s’agit-il d’une pénible commission dont il va être chargé au nom du jeune héros.

Justement, il rentre de chez les Daliot. Ces