eux pas d’inquiétude à avoir ; nul danger de prendre un bain intempestif.
Ainsi discourt la bavarde, à bâtons rompus. En revanche, Denise se montre si rêveuse, si distraite, que l’abbé Divoire ne serait pas l’abbé Divoire s’il n’en profitait pas pour la taquiner un tantinet.
— Eh bien, mademoiselle Uranie ? Toujours dans la lune ?
Liette saisit la balle au bond.
— Dans la lune ? Je vous crois, monsieur le curé ! Elle n’en redescend plus. Voilà un mois qu’elle y plane comme une âme essorée !
— Oh ! alors, tâchons de la ramener sur notre pauvre planète… Réponds, Nise, peut-on compter sur toi pour l’excursion de demain ?
— Oui… pardon… quelle excursion, monsieur le curé ?
— Là ! Elle n’y est pas, mais pas du tout ! triomphe Liette en battant des mains.
L’abbé, patiemment, s’explique :
— Nous allons à Aiguebelette. Train de 6 h. 32. Juste le temps de dire ma messe avant de l’attraper. J’ai mis la main sur un prêtre séculier, un brave garçon, convalescent de Salonique, et qui se dévoue à l’une de nos fondations sanitaires en attendant de retourner au front. Il se charge de la grand’messe.
— C’est que j’aimerais autant rester à la maison, bégaie Denise. Je… je ne me sens pas très dispose en ce moment.
Le saint homme ne cache pas sa déception.
— Allez donc arranger une partie !
— Mais, monsieur le curé, mon abstention ne doit pas vous empêcher ! Il ne faut pas s’occuper de moi.
Est-ce bien l’avis de M. et Mme Daliot ? L’abbé les consulte :
— Qu’en dites-vous ? Ce serait dommage de ne pas emmener cette petite.
— Baste ! répond le père, si elle préfère rester,