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fallait toucher l’imagination cuirassée par le spectacle de l’impudence générale, stimuler la curiosité éteinte sous la facilité des mœurs. Tel mari millionnaire devant faire un cadeau à sa maîtresse en laissait le choix à sa femme, et la femme ne se révoltait pas contre cet honneur ; ce seul fait, le plus doux de tous, donnera la mesure des autres ; qu’ils restent dans les mémoires, le cynisme ne se raconte pas. De là le grand succès du rôle que joua madame d’Épinay, rôle fort exploité depuis, alors nouveau, et qui consistait surtout à feindre des apparences d’ignorance et de candeur, à passer tout ensemble pour une Agnès et pour une victime.

Les circonstances, il est vrai, s’y prêtaient, et sous l’attrait d’un front modeste on découvrait chez elle la trace évidente d’un vrai chagrin. Ce chagrin lui venait de l’indifférence d’un mari en qui elle avait cru d’abord trouver un amant. Prétention assez naturelle de la part d’une personne qui pensait avoir fait un mariage d’inclination et s’imaginait mériter une sorte de culte. Les choses, à vrai dire, se grossissaient un peu, s’exagéraient naturellement dans cette tête inquiète de « personne à imagination, » de « femme incomprise, »