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demandait en retour que de vouloir bien parler français à ses enfants. On devine s’ils se firent prier. Un abbé émigré, un joyeux tambour des premières guerres du Directoire, se chargèrent d’apprendre le français au poète futur ; le moyen était bon, si l’on en juge par les progrès qu’il fit avec eux. Non seulement il apprit la langue française, mais il la goûta, il en sentit l’esprit, il comprit le caractère des hommes qui la parlaient ; il vit par contre une chose que peu d’Allemands osent soupçonner, je veux dire quelle distance sépare le style pesant du style piquant, combien l’ennui est ennuyeux, combien l’agrément est agréable. Ses professeurs français lui enseignaient l’histoire du même coup ; mais là, surtout dans l’histoire romaine, il n’eut pas le moindre succès : ses bévues étaient continuelles ; toujours il confondait l’histoire de Rome avec l’histoire de France, surtout à l’endroit des Césars, et cela dura : erreur bien naturelle