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trompent d’heure ! Quand, après tant d’années et d’amitiés nouvelles, je cherche à me rappeler l’emploi des instants que nous passions ensemble, je retrouve surtout le souvenir d’une grande cordialité mutuelle, celui d’une liaison intellectuelle qui demeura toujours intacte et ne fut jamais gâtée par le mélange d’un sentiment banal. Pas ombre d’amour-propre, de vanité, de pose de part et d’autre. Nous étant mutuellement jugés dès le début, tout était accepté, excusé, pardonné d’avance. Nul malentendu possible : nous pouvions nous montrer vrais sans crainte de paraître faux, ce qui ajoutait beaucoup au charme de nos rapports mutuels et leur prêtait quelque chose d’exquis et de rare qui frappait jusqu’aux indifférents, et inspirait du respect à tous.

Il m’avait tout de suite tutoyée, ce qui me donnait le sentiment de l’avoir toujours connu. Me voyant traiter par lui en parente,