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de la main mystérieuse et éternelle qui emploie la même argile pour ébaucher des magots et pour créer des poètes. Chez Henri Heine, l’homme est tout entier dans ses œuvres ; on le reconnaît constamment à travers ces poèmes, ces nouvelles, ces fragments pittoresques dans lesquels il nous conte involontairement sa propre histoire, l’histoire d’un esprit prématurément froissé par le contact de l’humanité vulgaire.

À l’exemple des grands peintres, il se prend volontiers pour sujet d’étude ; il a tracé de nombreuses esquisses où il emprunte un costume de fantaisie, celui qui répond le mieux à l’état présent de son esprit, à la nuance plus ou moins excentrique de son humeur. Malheureusement, il ne procède que par fragments, il brouille les divers âges, on n’entrevoit l’enfant qu’à travers l’homme fait, et comme dans un dédale de visions flottantes, parmi des demi-ténèbres. Rêves bizarres où l’ironie recouvre