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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Les Nouettes, 23 octobre 1859.


Chère Minette, je te félicite et je me félicite de te voir propriétaire de Livet ; j’étais vexée hier de l’avoir su avant toi et de te savoir sur le gril sans pouvoir t’en retirer. Émile paraît enchanté. Il a déjà reçu la demande de M. X…[1] pour être son régisseur (tu juges s’il l’a envoyé promener) et d’un maître maçon pour faire les bâtimens ; le second a pris le chemin du premier… En somme, il est enchanté et heureux ; moi, je le suis également de la pensée de t’avoir près de moi et d’être à ta portée en cas de nécessité… La grosse Allemande a-t-elle du moins le mérite d’apprendre l’allemand à mon Jacquot chéri, dont je devine ici le charmant aspect avec sa robe noire, ses beaux yeux brillans, ses joues roses, sa peau blanche et fine et la grâce de toute sa chère petite personne ? C’est-il vrai que tu reprends ta vieille octogénaire pour cuisinière ?



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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Les Nouettes, lundi 24 octobre 1859.


Chère Minette… Émile va très bien ; il s’est administré avant de partir du pâté avec accompagnement à grand orchestre qui lui a mis du lest

  1. Un brave homme, mais d’une ineptie absolue.