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Gaspard et Lucas aperçurent leur père qui les attendait.

Gaspard et Lucas aperçurent leur père qui les attendait sur le chemin, et qui paraissait mécontent de leur longue absence.

Lucas courut au-devant de lui.

« Nous voici, mon père : nous avons été un peu lents à venir, parce que nous nous disputions, Gaspard et moi.

Le père, durement.

Pourquoi vous disputiez-vous au lieu d’avancer ? Vous savez bien que je ramasse mon trèfle, et qu’on n’a pas trop de tout son monde.

Lucas.

Oui, mon père ; j’y vais tout de suite. C’est que Gaspard veut devenir un monsieur, et que je me moquais de lui.

Le père.

Ah ! tu veux devenir un monsieur ! Tu n’as pas encore l’âge, mon garçon. Va vite au trèfle ; je vais chercher des liens et je vous rejoins. »

Le père rentra dans la cour de la ferme ; Lucas courut au champ de trèfle ; Gaspard marcha plus lentement encore, en répétant :

« Le trèfle, le trèfle. Je me moque pas mal du trèfle. C’est tantôt une chose, tantôt une autre ; on n’a jamais fini dans cette vilaine ferme. C’est éreintant ; c’est ennuyeux !… Et ce nigaud de Lucas qui pousse à ce travail ennuyeux et fatigant ! Il ne comprend rien ; il est bête comme tout.

Le père, le rejoignant.

Ah çà ! tu as donc la paralysie dans les jambes,