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de soin sur son cœur, qu’il n’y souffre nulle affection déréglée pour quelque objet que ce soit.

Que si quelqu’objet vient s’offrir à lui, il faut que l’entendement le considere & l’examine à loisir, avant que la volonté le détermine, ou à l’embrasser, s’il est agréable, ou à le rejetter, s’il est contraire. Car l’entendement n’étant pas encore préoccupé par la passion, peut sans nul obstacle démêler la vérité d’avec le mensonge, & discerner le mal caché sous le voile d’un bien aparent, d’avec le bien qui a l’aparence d’un mal véritable. Mais dès que la volonté frapée par l’objet, commence à l’aimer, ou à le haïr, l’entendement devient incapable de le reconnoître tel qu’il est, parce que la passion qui le lui cache, fait qu’il s’en forme une fausse idée, & alors le proposant encore une fois à la volonté tout autre qu’il n’est, cette puissance déja émûë, redouble son affection ou son aversion pour lui, & ne peut plus garder de mesure ni écouter la raison.