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ceux qui ſe pleignent, qui eſt la compaſſion : & que je n’obtienne encore la victoire, en me voyant declaré par mon equitable Juge, le plus malheureux de tous ceux qui me diſputent cette funeſte qualité. Comme je ſuis venu en Aſie, en commandant des Troupes du Roy de Chipre, & envoyé parle Prince Philoxipe : il peut eſtre que vous n’aurez pas sçeu que je ne ſuis pas nay en ce Royaume là. C’eſt pourquoy il faut que je vous die, que Delphes ſi fameuſe par toute la Terre, pour le magnifique Temple d’Apollon, & pour la ſainteté de ſes Oracles, eſt le lieu de ma naiſſance. Je ſuis meſme obligé par la verité, de vous aprendre que je ſuis d’une Race aſſez illuſtre : puis que je ſuis deſcendu de celuy que les Dieux jugerent digne il y a deſja pluſieurs Siecles, de le conduire au pied du Mont Parnaſſe, aupres de la Fontaine Caſtalie, pour y recevoir le premier Oracle qui y fut rendu : & de qui la Fille fut choiſie en ſuitte, pour eſtre la premiere Pithie, de toutes celles qui ont depuis annoncé tant de veritez importantes aux particuliers, aux Villes, aux Provinces, aux Republiques, & aux Rois. Or depuis cela, ceux de ma Maiſon ont touſjours tenu un des premiers rangs dans leur païs : & pour l’ordinaire, le fameux Conſeil de la Grece, que nous appellons l’aſſemblée des Amphictions, ne s’eſt jamais gueres tenu, qu’il n’y ait eu quelqu’un de ma Race eſleu pour cela. Eſtant donc d’une naiſſance aſſez conſiderable, & eſtant fils d’un homme de qui la vertu eſtoit encore au deſſus de la condition, je fus eſlevé avec aſſez de ſoin : & quoy que l’on puiſſe dire que la Ville de Delphes eſt un abregé du Monde ; à cauſe de ce grand nombre de Nations differentes, dont elle eſt continuellement remplie : & qu’ainſi il ſemble qu’il ne ſoit pas neceſſaire à ſes habitans