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en remettant le Roy d’Armenie ſur le Throſne : & en le faiſant rentrer dans Artaxate apres l’avoir vaincu, comme ſi ce Roy Vaſſal n’euſt pas eſté rebelle, & que luy n’euſt pas eſté ſon Vainqueur. Ciaxare le reçeut auſſi fort bien, à la priere de Cyrus : de ſorte qu’en moins d’un jour, il n’y eut plus de guerre en Armenie : les Vaincus & les Vainqueurs, furent d’un meſme party : & ſi la Princeſſe Mandane s’y fuſt trouvée, il n’y auroit plus eu rien à ſouhaiter. Mais comme on ne la trouvoit pas, la joye n’eſtoit que pour les Armeniens : & Ciaxare ; Cyrus ; le Roy d’Aſſirie ; & tous ceux qui s’intereſſoient en cette merveilleuſſe Princeſſe, n’en eſtoient pas plus heureux. On ſongea alors à faire une recherche generale, par toutes les deux Armeniez : Car comme cét Eſclave du Roy de Pont, avoit dit en mourant à la Princeſſe Araminte, que le Roy ſon Maiſtre alloit en Armenie : & que de plus la Princeſſe Mandane l’avoit eſcrit de ſa main : on ne pouvoit croire qu’elle n’y fuſt pas inconnuë, en quelque endroit que l’on ne sçavoit point. Cependant Harpage arriva d’Ecbatane, qui venoit advertir Ciaxare qu’il y avoit une ſi grande diſposition à la revolte parmy ces Peuples là, à cauſe de ſa longue abſence : qu’il eſtoit neceſſaire d’y envoyer une Perſonne qui euſt preſques l’authorité abſoluë, en attendant qu’il y peuſt aller. Cyrus reçeut Harpage avec beaucoup de bonté : ſe ſouvenant qu’il eſtoit en quelque façon cauſe & de ſa paſſion, & de la gloire qu’il avoit aquiſe ; puis que s’il n’euſt point eſté en Perſe, & qu’il ne luy euſt point donné le conſeil qu’il luy donna, peut-eſtre n’en ſeroit il jamais parti. Mais l’affaire qui l’amenoit ayant eſté miſe en deliberation, Cyrus qui vouloit obliger