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faire la paix. Ce Prince eſtant donc revenu au Camp, & ayant eſté conduit à la Tente de Cyrus, où eſtoient le Roy d’Aſſirie ; celuy d’Hircanie ; le Prince des Caduſiens ; celuy de Paphlagonie ; Thraſibule ; Hidaſpe ; Aglatidas ; & beaucoup d’autres ; il luy dit qu’il eſtoit au deſespoir, de ne pouvoir luy aprendre des nouvelles de la Princeſſe Mandane, dont aſſurément le Roy ſon Pere n’avoit aucune connoiſſance. Car Seigneur, dit il à Cyrus, pour vous monſtrer qu’il parle aveque ſincerité, je n’ay qu’à vous dire que ſe confiant abſolument à la bonté du Roy des Medes, & à voſtre generoſité ; je l’ay laiſſé qu’il commençoit de deſcendre de ces Montagnes, avec la Reine ma Mere ; les Princeſſes mes Sœurs ; & la Princeſſe Oneſile, Femme du Prince Tigrane mon Frere, que vous avez autreſfois honnoré de voſtre amitié. Vous pouvez donc bien juger, Seigneur, luy dit il, que s’il avoit la Princeſſe Mandane en ſa puiſſance, il n’en uſeroit pas de cette ſorte. Cyrus fut tres ſensiblement affligé, de perdre l’eſperance de retrouver Mandane, auſſi toſt qu’il l’avoit penſé : le Roy d’Aſſirie ne le fut gueres moins que luy : touteſfois s’imaginant que peut-eſtre ne laiſſoit elle pas d’eſtre en Armenie, encore que ce Prince ne le sçeuſt point : ils ſongerent d’abord à faire une recherche auſſi exacte, qu’ils avoient reſolu auparavant, de faire une guerre ſanglante. Cependant Cyrus envoya en diligence vers Ciaxare, pour luy aprendre ce que le Prince Phraarte avoit dit, & pour luy demander s’il vouloit qu’on luy menaſt le Roy d’Armenie : mais s’eſtant trouvé mal ce jour là, il luy manda qu’il agiſt abſolument comme il le trouveroit à propos. Cyrus ayant donc eu cette reſponse, reçeut