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A SA CHERE ALCIONIDE.

Je ſuis ſi prés de la mort, qu’il ne m’eſt pas poſſible de vous entretenir long temps : ſouffrez donc que je vous conjure en peu de mots, de croire que je vous ay aimée, autant que j’eſtois capable d’aimer : & que je meurs avec une paſſion pour vous qui n’eut jamais de ſemblable, ſi ce n’eſt celle du Prince Thraſibule. Vous sçavez que c’eſt un autre moy meſme : recevez le donc comme tel. Je luy cede toute la part que j’avois en voſtre cœur ; il la merite ; ne la luy refuſez pas je vous en prie. Aimez le pour l’amour de moy : & forcez le à aimer ma memoire pour l’amour de vous. Et s’il eſt poſſible aimez, tous deux dans le Tombeau, un prince qui n’a aimé que vous deux durant ſa vie : & qui ne ſonge qu’a vous ſeule en mourant.

TISANDRE.


Comme Cyrus avoit l’ame tres ſensible, il eut le cœur fort attendry par lecture de cette Lettre : &