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de part & d’autre, & que la victoire en fuſt meſme un peu douteuſe : elles arreſterent pourtant les progrés d’Aliatte : qui deſesperé de n’avoir pas pleinement vaincu comme il l’eſperoit, fit mettre le feu en s’en retournant, à toute une grande Campagne couverte de bleds : & non ſeulement ces bleds perirent parmi la flame, mais comme le vent eſtoit grand, ils mirent au Temple de Minerve, ſurnommée Aſſesienne, qui fut entierement conſumé. Cét accident affligea alors plus le Peuple de Milet que le Roy de Lydie : mais à quelque temps de là, ce Prince eſtant tombé tres malade, & ayant envoyé conſulter l’Oracle de Delphes : la Pithie dit aux Lydiens, qu’elle ne leur reſpondroit point, qu’ils n’euſſent fait rebaſtir le Temple de Minerve qu’ils avoient bruſlé. Periandre qui sçeut cette reſponse, en envoya advertir le Prince mon Pere, afin qu’il profitaſt de cét advis : de ſorte qu’ayant sçeu quelque temps apres, que des Ambaſſadeurs de Lydie devoient venir luy demander la permiſſion de faire rebaſtir ce Temple : il fit commandement à tous les habitans de Milet, de porter tout ce qu’ils avoient de proviſions de bleds aux Places publiques deſtinées à le vendre, par leſquelles il vouloit faire paſſer ces Ambaſſadeurs de Lydie. Et en effet, la choſe ayant eſté executée ainſi, & ces Ambaſſadeurs ayant fait leur raport à leur Maiſtre de ce qu’ils avoient veû : il deſespera de pouvoir jamais vaincre le Prince mon Pere ; & ſe reſolut enfin d’entendre à une Paix, qui fut bien glorieuſe aux Mileſiens, puis qu’elle fit voir qu’ils avoient pû ſoustenir la guerre eux ſeuls contre quatre Rois. Aliatte fit donc baſtir deux Temples