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qui venoient à luy, abaiſſa ſa Javeline en ſigne de paix : & fit faire la meſme choſe à tous ceux qui le ſuivoient. Aglatidas ſurpris de cette action, fit faire ferme aux ſiens, & s’avança luy troiſiesme, pour voir ce que c’eſtoit : & en meſme temps le Chef de ces pretendus ennemis s’avança ſeul au devant de luy la Javeline baſſe, & en action d’un homme qui cherche à parler, & qui ne veut pas combatre. Aglatidas voyant cela, fit arreſter les deux qui le ſuivoient : & baiſſant auſſi ſa Javeline, il s’aprocha de celuy qui ſembloit le chercher : & vit que c’eſtoit un homme de la meilleure mine du monde ; couvert des plus belles armes qu’il fuſt poſſible de voir ; & monté ſur un Cheval merveilleuſement beau. Ils ſe ſalüerent l’un & l’autre avec beaucoup de civilité : & cét Inconnu prenant la parole ; Comme je ne viens pas preſentement, dit il à Aglatidas, pour vous combatre, faites moy la grace de me conduire à voſtre General : & ſi vous trouvez que ces cinquante Chevaux ſoient trop pour mon Eſcorte, j’iray ſeul ſur voſtre foy. La generoſité que vous avez, reprit Aglatidas, de vous fier à un homme que vous ne connoiſſez point, me fait aſſez connoiſtre que l’on ne doit rien craindre de vous : & doit m’empeſcher d’avoir le moindre ſentiment de deffiance : c’eſt pourquoy vous n’avez s’il vous plaiſt qu’à commander a vos gens de ſuivre les miens. Apres cela Aglatidas marchant a coſté de cét Eſtranger, le fit paſſer adroitement a la teſte des ſiens : mettant de cette ſorte ſes gens entre cét Inconnu, & ceux qu’il avoit amenez. Cependant Cyrus eſtoit fort eſtonné, de remarquer ce qui ſe paſſoit dans cette Plaine : & il ne pouvoit comprendre quelle pouvoit eſtre cette avanture. Il en fut ſi inquieté, que ne pouvant