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encore une aſſez grande foibleſſe à une jambe. Que neantmoins ne voulant pas ſe ſervir de cette excuſe en public, de peur qu’elle ne fuſt pas interpretée par ſes ennemis ; il le conjuroit de vouloir avec adreſſe retirer le Billet où eſtoit ſon Nom. Et qu’en echange de cette courtoiſie, il luy offroit toutes choſes : le ſupliant de luy garder fidelité. Pharnace aprenant la laſcheté de ſon Rival, ſe reſolut pour l’en punir, de prier ce Capitaine de luy manquer de parole : & de vouloir au contraire tirer le Billet d’Artane ſans le meſler, devant ou apres le ſien ; ce que l’autre luy promit de faire : tant pour obliger un homme ſi genereux, que pour en punir un ſi laſche. Cependant l’heure de cette ceremonie eſtant arrivée, tous les Billets que l’on avoit portez à ce Capitaine furent mis dans un Vaſe : & tous les pretendans demeurerent à l’entour de cét Officier. Comme Artane croyoit que ſon Billet n’eſtoit plus parmi les autres, il eſtoit des plus empreſſez : mais il fut bien eſtonné d’oüir lire ſon Nom, dés le troiſiesme Billet que l’on dé plia : & il en parut ſi ſurpris, que tout le monde s’en aperçeut. Pharnace qui eſtoit aupres de luy, teſmoigna luy porter envie : & luy dit certains mots de raillerie malicieux & ambigus, que l’autre entendit pourtant fort bien. Mais dans le Billet d’apres, le Nom de Pharnace fut entendu à ſon tour : & tous les autres ayant eſté tirez en ſuite, il falut ſe preparer à ce Combat. Pour Artane il eſt certain que s’il n’euſt point eſté amoureux de la Princeſſe Araminte, il ne s’y fuſt pas trouvé : mais cette laſcheté euſt eſté d’un ſi grand eſclat qu’il n’oſa la faire, ny ſe pleindre du Capitaine qui l’avoit trompé : & il ſe reſolut en fin, d’aller du moins juſques au Champ de Bataille.