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pourtant ſemblant de deſirer d’eſtre du nombre de ceux qui ſeroient choiſis. Mais ne pouvant s’accommoder entr’eux, il fut reſolu que l’on tireroit au Sort : & que l’on mettroit tous les noms de ceux qui aſpiroient à cette gloire dans des Billets, que l’on ſeroit tirer par le Capitaine des Gardes du Roy. Pharnace qui eſtoit des plus vaillants, & qui ne cherchoit plus que la mort, puis qu’il ne pouvoit eſtre aimé, ne voulut pas ſe fier à la Fortune : de ſorte que sçachant qui eſtoit celuy qui devoit tirer ces Billets, il le fut trouver : & apres luy avoir fait mille proteſtations d’amitié, & mille prieres de ne luy refuſer pas ce qu’il luy vouloit demander : il luy donna un Billet : dans lequel eſtoit ſon Nom, afin que lors qu’il tireroit, il le miſt adroitement entre ſes doigts, & fiſt ſemblant de le tirer des premiers. Ce Capitaine ſoufrit à cette propoſition : & ne pût s’empeſcher de luy dire, que tous ceux qui luy avoient aporté des Billets ; n’eſtoient pas ſi empreſſez que luy, pour eſtre de ce Combat. Comme il vint alors un ſoubçon à Pharnace, que peut-eſtre ce Capitaine vouloit il parler d’Artane qu’il sçavoit qui l’avoit veû : il luy dit pour s’en eſclaircir, qu’il ne penſoit pas qu’il peuſt y avoir perſonne qui ne deſirast de ſe ſignaler en une occaſion ſi extraordinaire : non pas meſme Artane, luy dit il pour l’obliger à parler. A ce Nom ce Capitaine rit encore davantage : de ſorte que Pharnace ne doutant plus que ce qu’il penſoit ne fuſt vray, le preſſa ſi fort qu’il luy dit qu’en effet Artane l’eſtoit venu trouver : pour luy dire que ce Combat ſe devant faire à pied, il eſtoit au deſespoir de n’en pouvoir eſtre : parce que ſon Cheval s’eſtant abatu ſous luy il y avoit quelques jours, il luy en demeuroit