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que leurs ſoins furent fort inutiles : car comme il n’y arien qui lie plus eſtroitement l’amitié entre les perſonnes veritablement genereuſes que l’infortune : Spitridate eſtoit infiniment mieux dans le cœur de la Princeſſe, depuis qu’il eſtoit malheureux pour l’amour d’elle, qu’il n’y avoit eſté auparavant. De plus, ayant sçeu enfin qu’Artane avoit eſté cauſe de ſa derniere priſon, & que ç’avoit eſté Pharnace qui avoit adverty le Roy de Pont de leur entre-veuë : elle en eſtoit ſi irritée, qu’elle ne les pouvoit plus ſouffrir. Cependant apres que les Troupes de Phrigie furent arrivées au rendez-vous general, & eurent joint celles de Pont, le Roy ſe diſposa à partir ; ſi bien qu’encore qu’Artane n’euſt pas trop d’envie d’aller à la guerre, il n’oſa pourtant faire comme il avoit fait à celle de Phrigie : & il falut qu’il allaſt où tous les autres alloient. Comme il n’eſtoit pas favoriſé du Roy, dans le deſſein qu’il avoit pour la Princeſſe, il ne pût luy dire adieu qu’en public : mais pour Pharnace, il n’en alla pas ainſi : parce que le Roy de Pont venant prendre congé d’Araminte peu accompagné, y amena Pharnace, & l’y laiſſa, pour faire ſes adieux à part. J’eſtois alors dans la Chambre de la Princeſſe : & j’advoüe que comme Pharnace avoit beaucoup de merite, j’eus quelque compaſſion, de voir une ſi profonde melancolie ſur ſon viſage : & je ſouhaitay pour ſon repos qu’il n’aimaſt plus la Princeſſe, puis qu’il n’eſtoit pas poſſible qu’elle peuſt le rendre heureux. Apres que le Roy fut ſorty, comme c’eſtoit ſa derniere viſite elle ne luy fut pas auſſi ſevere qu’elle avoit eſté depuis quelque temps ; & elle ſouffrit qu’il luy parlaſt. Madame, luy dit il ; je viens prendre les ordres de vous, auparavant que d’aller à la guerre : & je