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caché. Car encore qu’il n’ignoraſt pas la paſſion de Spitridate pour la Princeſſe Araminte : il connoiſſoit touteſfois ſi parfaitement ſa vertu, qu’il ne luy vint aucun ſoubçon, qu’elle euſt contribué à ce déguiſement : comme en effet la choſe n’eſtoit pas ainſi : & il creut enfin que la ſeule ambition, eſtoit la cauſe de cette avanture. Pharnace & Artane ſervirent beaucoup à le confirmer en cette penſée : le premier comme croyant aiſément ce qu’il ſouhaitoit ; & l’autre faiſant ſemblant de le croire, afin de perdre pluſtost Spitridate. Neantmoins comme il vouloit que la jalouſie tourmentaſt Pharnace auſſi bien que luy, il luy fit sçavoir adroitement, que l’amour avoit ſa part au déguiſement de ce Prince : il s’imagina meſme que peut eſtre pourroit il détruire encore Pharnace, dans l’eſprit de la Princeſſe Araminte par cette voye : jugeant bien que Pharnace voulant nuire à ſon Rival, donneroit ce nouveau ſoubçon au Roy : & que ſi la Princeſſe le sçavoit, elle en ſeroit extrémement irritée contre luy. En effet, la choſe reüſſit d’abord comme l’avoit penſée Artane : car Pharnace fut bien plus malheureux, d’aprendre que Spitridate avoit veû la Princeſſe, que de croire qu’il euſt voulu renverſer l’Eſtat. La jalouſie meſme s’emparant alors de ſon cœur, le porta, tout genereux qu’il eſtoit, à inſulter ſur un infortuné, & à dire au Roy. tout ce qu’on luy avoit dit. La Princeſſe qui le sçeut, en eut une colere eſtrange ; de ſorte qu’Artane trouva par là les voyes de nuire à deux de ſes Rivaux tout enſemble : & de les rendre auſſi malheureux qu’il l’eſtoit luy meſme. Il eſt vray que pour luy, il eſtoit digne de l’eſtre ; mais il n’en eſtoit pas ainſi des autres : principalement de Spitridate, qui ne meritoit pas ſes