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de le conduire en ſuitte à ma chambre, par un Eſcalier dérobé qui y reſpondoit. Comme nous fuſmes arrivé, je ne voulus rien aprendre de ce qui m’eſtoit advenu à la Princeſſe, que je ne sçeuſſe preciſément ce que cét homme avoit à me dire : ſi bien qu’apres l’avoir conduitte à ſon Apartement, je m’en allay en diligence au mien : ou je ne fus pas longtemps, ſans y voir arriver celuy que j’y attendois. Je fis demeurer l’Eſclave dans l’anti-chambre, afin qu’il remenaſt celuy qu’il avoit amené, quand je l’aurois entretenu : & entrant dans un Cabinet où il n’y avoit perſonne ; de grace, dis-je à cét Eſtranger que je ne connoiſſois point, apprenez moy promptement ce que vous avez à me dire de Spitridate. Madame, me dit il, j’ay ordre de vous conjurer de me faire parler à la Princeſſe Araminte : & de vous aſſurer en voſtre particulier, que vous eſtes une des perſonnes du monde qu’il honnore le plus, & dont il a le plus du beſoin. Apres avoir reçeu comme je devois le compliment du Prince Spitridate, & remarqué par la façon dont me parloit cét Eſtranger, que c’eſtoit aſſurément un homme d’eſprit, & de quelque condition ; je le priay de ſe donner un moment de patience : & je ſortis pour aller apprendre à la Princeſſe, ce que je luy avois caché : & pour luy aller demander cette audience. Je la ſurpris de telle ſorte, qu’elle me retint plus long temps que je ne voulois : mais comme il n’y avoit perſonne aupres d’elle, quelque difficulté qu’elle fiſt de voir cét homme, je la forçay d’y conſentir. Elle m’envoya pourtant luy demander s’il avoit des Lettres : & comme il eut reſpondu qu’il en avoit, elle voulut qu’il me les donnaſt : mais il ne le voulut jamais, & elle fut contrainte de ſouffrir que je l’allaſſe querir ; diſant