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libre. Ne vous avois-je pas bien dit Madame, luy diſois-je alors, que Spitridate n’eſtoit point coupable envers vous ? Ouy Heſionide, reprenoit elle, mais je la ſuis bien envers luy, de l’avoir ſoubçonné avec tant d’injuſtice. Cependant la Princeſſe voulut aller le lendemain à un Temple extrémement fameux à Heraclée : qui eſt celuy de la Deeſſe Adraſtie, ou autrement de la fatale Deſtinée : afin de la conjurer d’avoir ſoin de la fortune de Spitridate, & de vouloir pacifier les choſes, entre le Roy ſon Pere & Arſamone. Mais admirez icy Seigneur, ce que fait quelqueſfois le haſard : nous trouvaſmes dans le Temple de la Fatalité un Eſtranger qui ne faiſoit que d’arriver à Heraclée : & qui voyant entrer la Princeſſe dans ce Temple, y entra auſſi. Je pris garde quand nous y fuſmes, qu’il demanda la quelle de toutes les Femmes qui ſuivoient la Princeſſe, ſe nommoit Heſionide : comme j’eſtois fort proche d’un Officier d’Araminte à qui il parloit, je l’entendis, & je luy dis que je m’appellois ainſi : puis que cela eſt, repliqua t’il, accordez moy la liberté de vous dire un mot en particulier : Je vous en conjure, adjouſta t’il en abaiſſant la voix, par le Prince Spitridate. Entendant un nom qui m’eſtoit ſi cher ; mais qu’il eſtoit pourtant ſi dangereux d’en tendre dire à Heraclée en l’eſtat qu’eſtoient les choſes, je luy dis qu’il ſe retiraſt : & qu’au ſortir du Temple il demeuraſt à la porte, juſques à ce que je l’envoyaſſe querir par un Eſclave de la Princeſſe que je luy monſtray, afin qu’il le reconnuſt. Et en effet en ſortant du Temple j’apellay cét Eſclave qui eſtoit adroit & fidelle ; je luy monſtray cét Eſtranger ; & luy ordonnay de l’amener dans les Jardins du Palais, par une porte de derriere : &