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content : car encore qu’il viſt bien qu’Ariſtée n’eſtoit pas fort gaye, il apelloit modeſtie, une veritable triſtesse, & ne s’entretenoit que de penſées agreables. Comme le Prince Aryande, Pharnace, & Artane, ne sçavoient pas le ſecret des choſes, chacun ſongeoit touſjours à faire reüſſir ſon deſſein, & ne ſongeoit pas à celuy des autres. Le cinquieſme jour apres le départ du Roy eſtant arrivé, & ce Prince devant revenir dans trois ou quatre, je me ſouviens que la Princeſſe Ariſtée s’entretint longtemps avec la Princeſſe Araminte : & que ſans sçavoir la raiſon pourquoy, il leur prit un redoublement d’amitié l’une pour l’autre, dentelles meſmes ne comprenoient pas la cauſe. La Princeſſe Araminte donna un petit Portrait qu’elle avoit d’elle à Ariſtée : & qui eſt le meſme qu’elle vous monſtra en Bithinie, pour connoiſtre ſi vous eſtiez Spitridate, ou ſi vous ne l’eſtiez pas, à ce qu’elle manda depuis à la Princeſſe. Et en échange Ariſtée donna une Bague à la Princeſſe Araminte, qu’elle portoit ce jour là, qui eſtoit la plus jolie choſe du monde. Apres qu’Ariſtée eut quitté la Princeſſe, Spitridate la vint voir : & comme il la trouva l’ame encore toute attendrie de tant de choſes flatteuſes & douces, que ces deux belles perſonnes s’eſtoient dittes, il en fut mieux traitté qu’il ne l’avoit encore eſté en toute ſa vie : car elle eut pour luy ce jour là, je ne ſcay quelle ſincerité obligeante, qui luy permit de voir dans ſon cœur, la veritable eſtime qu’elle faiſoit de ſa vertu. Comme ce Prince a certainement autant d’eſprit que l’on en peut avoir, & que jamais perſonne n’a sçeu mieux aimer que luy, il luy dit auſſi des choſes ſi tendres ; ſi reſpectueuses ; & pourtant ſi paſſionnées, qu’il acheva d’