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amoureux, m’a t’il reſpondu, m’en pleindriez vous ? au contraire, adjouſtay-je, je vous en eſtimerois plus, puis que tout le monde doit aimer la gloire. Mais enfin Spitridate, luy ai-je dit, puis que vous ne voulez point que je sçache ce qui vous tourmente, je ne vous en pleindray pas ; & je croiray que vous ne me tenez pas aſſez diſcrette pour cacher ce qui ne doit pas eſtre sçeu. Ha Madame, m’a t’il repliqué, je ne craindrois pas que vous publiaſſiez ce que je vous dirois : & que craindriez vous donc ? (luy ay-je reſpondu avec une ſimplicité qui me fait preſentement deſesperer) je craindrois, m’a t’il dit, que vous ne me haïſſiez. Et pourquoy vous haïrois-je, luy ay-je encore reſpondu, pour m’avoir confié voſtre ſecret ? Vous me haïriez peut-eſtre, m’a t’il dit, ſe vous sçaviez que Spitridate n’eſt malheureux, que parce qu’il aime plus qu’il ne doit, la belle Princeſſe de Pont. A peine a t’il eu achevé de prononcer ces paroles, que tout d’un coup ma chere Heſionide, j’ay veû cent mille choſes que je ne voyois pas auparavant : & j’ay eu une ſi grande confuſion de ma ſimplicité & de mon innocence, que je n’ay plus oſé le regarder. Neantmoins apres avoir fait un grand effort ſur moy meſme, vous avez raiſon Spitridate (luy ay-je dit toute en colere & toute honteuſe) de croire que la Princeſſe de Pont vous haïroit ſe vous l’aimiez trop : & je vous conſeille comme voſtre Amie, de cacher ſi bien ce ſecret, que perſonne ne le sçache jamais. Je vous obeïray, Madame, m’a t’il dit, & vous ſerez touſjours la ſeule Perſonne de toute la Terre à qui je le reveleray. Je n’ay pourtant fait qu’entre-oüir ces derniers mots : car dans la confuſion ou j’eſtois, je me ſuis approchée de vous ſans luy reſpondre.