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en quelques lieux ſi détruites, que ſa force ne conſistoit qu’en la multitude de ſes Habitans. Bien eſt il vray qu’elle eſtoit ſe prodigieuſement grande, que tout autre cœur que celuy de Cyrus, n’auroit pas entrepris ce qu’il entreprit. Comme il fut donc arrivé aſſez prés d’Artaxate, où le Roy d’Armenie eſtoit, avec tous les Grands de ſon Royaume, attendant que ſon Armée qui eſtoit deſja de dix mille hommes, fuſt aſſez forte pour ſe mettre en campagne, il fut reconnoiſtre en perſonne, la ſcituation de ce Bourg où eſtoit le Chaſteau qu’il vouloit prendre : & apres avoir remarqué tous les lieux d’alentour, ſans que les Ennemis oſassent ſe monſtrer que de loin ; quoy que Chriſante & ſes plus fidelles ſerviteurs luy puſſent dire, il voulut tout hazarder, pour delivrer ſa Princeſſe. Il fit donc filer toute la nuit vers ce lieu là, douze mille hommes qui luy reſtoient : car il avoit falu en laiſſer ſix mille en divers Poſtes, pour aſſurer ſa retraitte, s’il la faloit faire, & pour garder un paſſage ſur l’Araxe : outre les deux mille qu’il avoit laiſſez, pour garder celuy de cette autre Riviere qui ſepare l’Armenie de là Capadoce. Apres avoir donc aſſemblé ſes Troupes proche d’un petit Bois, & choſi celles qu’il deſtinoit à l’attaque du Bourg & du Chaſteau : quoy qu’il fuſt adverty que toute la Ville d’Artaxate eſtoit en armes, & que tous les Bourgeois ſe preparoient à ſortir contre luy, ce Grand cœur ne s’ébranla point : au contraire prenant de nouvelles forces par la grandeur du peril, il choiſit une petite eminence qui eſtoit entre la Ville & ce Chaſteau : & apres avoir rangé huit mille hommes en Bataille ſur cette hauteur, & y avoir placé ſix de ces terribles Machines, qui ſervoient à lancer des Boulets de