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haïr de Steſilée ſi elle pouvoit, par quelque voye deſtournée qu’elle ſe reſolut de chercher. Mais afin qu’il ne manquaſt rien à mon malheur, & que n’eſtant pas aimé de la ſeule perſonne que je pouvois aimer, je le fuſſe encore d’une autre pour laquelle je ne pouvois avoir que de l’amitié : il faut que je vous die malgré moy, que Steſilée trouva quelque choſe de ſi beau, de ſi pur de ſi grand, & de ſi vertueux dans la paſſion que je luy diſois avoir pour Philiſte ; qu’inſensiblement elle vint à deſirer que j’euſſe en effet pour elle, ce que je ne pouvois avoir que pour l’autre. De ſorte qu’agiſſant en perſonne intereſſée, elle me donna cent conſeils malicieux & adroits, que je ſuivis, parce qu’ils paroiſſoient bons : & qui me détruiſoient pourtant encore davantage aupres de Philiſte. Comme les choſes en eſtoient donc là, Antigene vint un matin dans ma chambre ; & venant à moy les bras ouverts, mon cher Philocles, me dit il, quel plaiſir prenez vous à me cacher voſtre bonne fortune & la mienne ? Antigene (luy dis-je, ſans reſpondre que froidement aux marques de tendreſſe qu’il me donnoit) s’il eſtoit vray que je fuſſe heureux, vous n’en ſeriez pas ſi aiſe. Je vous proteſte, me dit il, que voſtre contentement m’eſt auſſi cher que le mien : & que je n’auray guere plus de joye s’il arrive jamais que la belle Philiſte m’aime, que j’en ay de ce que vous ne l’aimez plus : & de ce que vous eſtes aimé de Steſilée que vous adorez. Je n’aime plus Philiſte ! luy dis-je tout eſtonné ; ha Antigene ne vous y trompez pas : car c’eſt un ſentiment que je n’abandonneray qu’avec la vie. Mais (me repliqua t’il, encore plus eſtonné que moy) toute la Cour, & Philiſte meſme, vous croyent amoureux de Steſilée : Philiſte,