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moy la mienne apres luy, il vint fondre ſur moy en prononçant quelques paroles peu diſtinctes, dont je n’entendis pas le ſens. Je ne m’arreſteray point à vous particulariſer un combat qui ſe paſſa preſques tout entier ſans teſmoins ; & ce ſera par l’evenement que vous jugerez de ce que j’y fis. Androclide eſtoit ſans doute brave & adroit ; de ſorte que ſi je n’euſſe eſté plus heureux que luy en cette occaſion, je ne l’euſſe pas vaincu ſans peine. Cependant noſtre combat ne fut pas long : & apres luy avoir donné quatre coups d’Eſpée, qui entroient tous dans le corps ; il laſcha le pied, & fut en parant touſjours, tomber contre une petite porte du Temple, qui ne ſervoit que les jours des Sacrifices à certaine ceremonie. Je fus auſſi toſt à luy, penſant qu’il n’eſtoit que bleſſé, & voulant luy faire avoüer mon avantage : mais je trouvay qu’il n’avoit plus de mouvement, ni d’aparence de vie. Pendant que par un ſentiment de generoſité je voulois effectivement m’éclaircir c’il n’eſtoit plus en eſtat d’eſtre ſecouru, Menecrate paſſa, ſuivy de quelques uns de ſiens : & comme la Lune s’eſtoit dégagée des quelques nuës qui l’obſcurcissoient auparavant, il vit briller mon Eſpée aupres de la porte de ce Temple. De ſorte que sçachant bien que ce n’eſtoit pas un lieu où l’on deuſt voir une pareille choſe, il vint droit à moy : mais ayant aperçeu des gens, je me retiray en diligence ; & meſme ſans pouvoir eſtre reconnu, quoy que Menecrate me fiſt ſuivre par quelques uns des ſiens, qui me perdirent bien toſt de veuë. Pour luy il eſtoit occupé aupres d’Androclide, qu’il reconnut : mais quoy qu’il fuſt ſon Rival, il ne laiſſa pas d’en prendre ſoin. Quelques Sacrificateurs qui logeoient aſſez