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le menois en Triomphe ce jour là. Un moment apres il vint beaucoup de Dames ; & la converſation generale ne ſe paſſa pas, ſans que je diſſe pluſieurs choſes piquantes pour Androclide. Il m’en reſpondit auſſi quelques unes qu’il avoit deſſein qui le fuſſent : mais il ne sçavoit par où s’y prendre ; parce qu’il ne me pouvoit rien reprocher : & que j’avois cent choſes veritables à luy faire entendre, qui ne luy plaiſoient nullement. Teleſile prenoit ſans doute quelque plaiſir à le voir mal traité : neantmoins comme elle eſt fort prudente, elle deſtourna la converſation à diverſes fois, de peur qu’elle ne devinſt trop aigre. Ce n’eſt pas que je perdiſſe le reſpect que je luy devois, & que je vouluſſe quereller Androclide chez elle : mais c’eſt qu’il eſtoit ſi aiſé de le toucher ſensiblement, à cauſe qu’il sçavoit bien qu’il eſtoit coupable ; que la raillerie la plus fine & la plus delicate, l’irritoit juſqu’à la fureur : & que de plus j’eſprouvay ce jour là, qu’il eſt fort difficile de n’inſulter pas ſur un Rival malheureux, quand on en trouve l’occaſion, quelque generoſité que l’on puiſſe avoir.

Au ſortir de chez Teleſile, il fut trouver Diophante, qui ſe promenoir vers la Fontaine Caſtalie ; ſi bien que lors que j’en ſortis à mon tour, j’apris fortuitement par Meleſandre que mon Rival eſtoit avec le Pere de ma Maiſtresse : & le lendemain je sçeû que Diophante conſiderant plus le grand bien d’Androclide que le mépris qu’il avoit fait de Teleſile ; & l’excuſant peut-eſtre par une inclination pareille à la ſienne, avoit effectivement commande à ſa Fille, de mieux vivre qu’elle ne faiſoit avec Androclide ; parce qu’enfin il avoit à l’advertir, qu’il eſtoit abſolument reſolu qu’elle eſpousast ou luy, ou Menecrate. Je sçeus cela