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Portraits, qu’elles trouverent qu’elle eſtoit au deſſus d’eux ! Mais ſi elle leur parut belle & charmante, elle leur ſembla encore plus ſpirituelle ; elle avoit je ne sçay quelle aimable modeſtie, qui ſans avoir rien de ſauvage, la rendoit encore plus agreable. Elle avoit ſans doute dans l’ame toute l’innocence qu’elle avoit conſervé parmy ſes Rochers : mais elle avoit pourtant dans l’humeur & dans l’eſprit tous les charmes que la Cour peut donner. Car comme Megiſto eſtoit une digne Sœur de l’illuſtre Solon, elle sçavoit auſſi bien toutes les choſes de bien ſeance neceſſaire à celles de ſon Sexe, que perſonne les peuſt sçavoir ; & les avoit auſſi parfaitement apriſes à Policrite. La je une Doride parut auſſi fort belle & fort aimable à la Cour : où le Roy reçeut Solon, Cleanthe, Megiſto, Philoxipe, & Policrite, avec des honneurs & des joyes que l’on ne sçauroit exprimer. Et d’autant plus encore, que s’eſtant enfin reſolu de contenter l’ambition de la Princeſſe Aretaphile, afin de ſatisfaire ſon amour : il luy avoit fait dire le jour auparavant, qu’il ne tiendroit plus qu’à elle d’eſtre Reine. Mais Seigneur, ſi Aretaphile fut Reine de Chipre, Policrite fut Reine de la Beauté : & la ſeule Princeſſe de Salamis euſt pu luy diſputer un peu ce glorieux Empire. Enfin Seigneur, ce ne furent plus que Feſtes & reſjoüiſſances : Comme Solon eſtoit preſſé de partir, l’on haſta ces illuſtres Nopces : le Roy voulut qu’il n’y euſt qu’une ſeule ceremonie pour ces deux Grands Mariages ; & Chipre n’a rien veû de plus ſuperbe que le fut cette belle Feſte, quoy qu’elle fuſt faite avec precipitation. Solon ne manqua pas de ſe ſouvenir alors des Predictions d’Epimenides : & d’advoüer