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à ne le monſtrer pas, on nous a laiſſez en repos : & je me ſuis miſe à lire ce que vous venez de voir. Apres l’avoir leû., j’avouë, luy ay-je dit, que le commencement de cette Fable, eſt le plus joly du monde, & le plus facile à entendre : car enfin qui ne comprendroit pas, que cette Biche blanche eſt la Princeſſe ; que ces deux Chaſſeurs ſont Adraſte, & Arteſilas ; que ces Toiles, ces Chiens, ces Cors, ces Eſpieux, ces Dards, & tout ce grand bruit, marquent en effet tout ce que font ces deux Princes, & par adreſſe, & par force, & par magnificence, pour obtenir ce qu’ils ſouhaitent, auroit ſans doute beaucoup de ſtupidité. l’entends bien encore, ay-je adjouſté, que la Biche qui ſuit, marque preciſément qu’elle ne vent pas eſtre priſe par ces deux Chaſſeurs qui la ſuivent : Mais pour ce jeune Berger endormy, qu’elle bleſſe ſans y penſer, & qui la pourſuit comme les autres ; & à ce que vous dites, mieux que les autres ; j’advouë que je ne le connois pas. Vous le connoiſſez pourtant bien, m’a t’il dit en ſous-riant. Comme nous en eſtions là, le Prince Myrſile eſt arrivé. Eſope ne l’a pas pluſtost veu, qu’il m’a voulu oſter les Tablettes que je tenois : mais pour moy qui m’eſtois reſoluë de vous les monſtrer, je m’en ſuis opiniaſtrement deffenduë. Joint que le reſpect qu’il doit au Prince Myrſile l’ayant empeſché de s’obſtiner davantage à vouloir que je luy rendiſſe ce qu’il m’avoit donne ; il a eſté contraint de me le laiſſer. Le Prince Myrſile qui avoit remarqué l’action d’Eſope, & qui s’eſt bien imaginé que c’eſtoit quelque nouvelle production de l’on eſprit, s eſt aproché de moy : & ſe faiſant entendre avec ſon adreſſe ordinaire, il m’a témoigné une ſi grande curioſité de voir ce que je tenois ;