Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, quatrième partie, 1654.djvu/641

Cette page n’a pas encore été corrigée

aperçeus, & qui eſtoient venus avec Artabane : Mais voyant l’agitation de ſon eſprit, ils n’avoient oſé ſe preſenter à luy. Il s’arreſta vis à vis d’eux, auſſi-toſt qu’il les eut veus ; car il ſe promenoit dans la Chambre où il eſtoit, il y avoit deſja quelque temps : & s’adreſſant à Madate, qu’il sçavoit eſtre demeuré à Ecbatane, & par conſequent devoir luy aprendre des nouvelles de Ciaxare ; ne me direz-vous point du moins pour ma conſolation, luy dit-il, que le Roy ſe porte bien ? je vous aſſureray ſans doute de ſa ſanté, repliqua Madate ; mais je l’ay laiſſé aſſez en peine, parce qu’il a eu advis que Thomiris arme puiſſamment : & qu’elle pretend à ce que diſent ſes Sujets, ne faire pas moins de progrés en Medie, que les veritables Scithes y en firent, ſous le regne du premier Ciaxare. Auſſi eſt-ce principalement pour vous communiquer cét advis, que le Roy m’envoye vers vous : Il ſeroit mieux (repliqua-t’il, avec une violence extréme) de me declarer la guerre, que de me demander conſeil : car veu l’eſtat où je voy les choſes, je penſe que pour eſtre heureux, il ne faut qu’eſtre mon perſecuteur. Mais vous Ortalque (luy dit-il en ſe tournant vers luy) qui venez de conſulter pour moy cette Femme ſi celebre & ſi veritable (à ce que diſent tous ceux qui l’ont veuë) donnez-moy promptement ſa reſponse : & dites-moy ſi vous vous eſtes bien ſouvenu de ce que je vous avois ordonné de luy demander de ma part. Ouy Seigneur, repliqua-t’il, & je luy ay demandé preciſément, ſuivant vos intentions, en quel temps vous pouviez eſperer quelque repos ? je n’ay pas meſme manqué de luy dire que vous ſouhaitiez d’avoir ſa reſponse eſcrite de ſa