Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, quatrième partie, 1654.djvu/616

Cette page n’a pas encore été corrigée

nous avons ſuivy ſans nous en informer : mais nous pouvons touſjours bien vous aſſeurer qu’il ne pouvoit pas eſtre fort dangereux, puis qu’il n’avoit que cinquante chevaux : & ſelon mon opinion, c’eſtoit pluſtost un voyage fait pour moyenner la paix, que pour faire la guerre. Mais où avez vous paſſé la Riviere ? adjouſta Andramite ; comme je ſerois tort au Prince que je ſers preſentement (repliqua Soſicle qui ne voulut pas s’engager mal à propos) ſi je vous deſcouvrois par quel lieu de la Riviere nous avons paſſé, vous me diſpenserez de vous le dire, Mais où eſtoit Cyrus ? demanda encore Andramite ; je le vy au Camp le jour que nous en partiſmes (reprit Tegée, voyant que Soſicle ne reſpondoit pas aſſez viſte) apres cela Andramite leur ayant encore fait un compliment les donna en garde à un Capitaine qui eſtoit d’Epheſe : en ſuite dequoy, venant à jetter les yeux ſur les autres priſonniers ; il vit quelque choſe de ſi grand ſur le viſage de Cyrus, du Roy d’Aſſirie, & d’Anaxaris, quoy que leurs armes & leurs habillemens n’euſſent rien de remarquable ; qu’il r’appella Tegée, pour luy demander de quelle condition eſtoient ces priſonniers : & comme il luy eut reſpondu qu’ils n’eſtoient que ſimples cavaliers : ſi tous ceux de voſtre Armée, luy dit-il, ſont de cette ſorte, Creſus perdra infailliblement la premiere Bataille qu’il donnera : car j’advoüe que les ſiens ne ſont pas faits ainſi. En fuite de cela, Andramite commanda qu’un Chirurgien qui ſuivoit ſes Troupes, allaſt auprés du Prince Artamas, en attendant qu’il euſt reſolu où on le feroit porter : car comme il sçavoit que le gouverneur du Chaſteau d’Hermes eſtoit ſuspect à Creſus à cauſe