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le Prince Artamas, Artabaſe, Aduſius, Soſicle, Tegée, & ce qu’ils avoient de cavaliers avec eux, avoient auſſi fait une reſistance prodigieuſe : & avoient tant tüé de Lydiens, que leur propre valeur leur fut nuiſible : parce que ceux contre qui ils combatoient voyant à quelles gens ils avoient à faire, avoient envoyé demander du ſecours. Si bien que voyant de toutes parts ennemis ſur ennemis, & que plus il en tuoient, plus ils en avoient à combatre ; ils agirent comme des gens qui vouloient vanger leur mort, devant qu’elle fuſt arrivée, principalement Artamas : car outre l’intereſt general qu’ils avoient tous, à ne ſe laiſſer pas prendre s’ils pouvoient : il en avoit un particulier, à ne tomber pas ſous la puiſſance de Creſus. Soſicle & Tegée le devoient auſſi aprehender : mais non pas tant que le Prince Artamas. Cependant il ne pût eſviter cette fatale deſtinée : & apres avoir eſté bleſſé au bras droit, & en trois autres lieux, il falut ceder à la force & ſe rendre. Le Roy d’Aſſirie eſtant privé d’un ſi puiſſant ſecours, ſe vit encore envelopé de tant de gens qu’il fut auſſi fait priſonnier : en fuite de quoy Soſicle & Tegée le furent de meſme : Artabaſe & Aduſius ſe ſauverent preſque ſeuls de cette dangereuſe occaſion.

Ces deux combats eſtant donc finis, & tous les Lydiens qui avoient combatu s’eſtant joints, & ayant mis enſemble les priſonniers qu’ils avoient faits ; Cyrus, Anaxaris, & Feraulas furent bien ſurpris, lors qu’ils virent amener avec eux le Roy d’Aſſirie, Soſicle, Tegée, & quelques cavaliers : car pour le Prince Artamas, il eſtoit ſi bleſſé qu’on eſtoit contraint de le porter. Cependant ces deux illuſtres Rivaux voyant l’eſgalité de leur fortune,