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faire paſſer leurs princeſſes, pendant que pour les en chaſſer, ils ſeroient paſſer de nouvelles Troupes par le Chaſteau d’Hermes, qui en cas que la choſe allaſt ainſi, ſe declareroit, ne pouvant pas faire autrement : la propoſition d’Artamas ayant ſemblé bonne, ils furent donc reconnoiſtre le lieu où il faudroit aller chercher ce Bateau, qui eſtoit aſſez loin, parce que la Riviere ſerpente en cét endroit. En y allant, le Roy d’Aſſirie dit que du moins il faudroit donc avoir pluſieurs Bateaux : mais Ligdamis répliqua à cela, que depuis que Creſus s’eſtoit reſolu à la guerre, on n’en avoit laiſſé aucun ſur cette Riviere, excepté un à chacun des Gouverneurs qui en gardoient les paſſages.

Mais pendant qu’ils raiſonnoient ſur une entrepriſe dont ils croyoient que l’execution eſtoit retardée de pluſieurs jours, & que Cyrus s’entretenoit de l’agreable penſée d’eſtre bien-toſt le Liberateur de Mandane, le gouverneur du Chaſteau d’Hermes, qui pour la ſeureté de tant de perſonnes illuſtres, avoit fait mettre une Sentinelle ſur la plus haute de ſes Tours, fut adverty qu’il paroiſſoit un gros de cavalerie, qui venoit du coſté d’Epheſe. Il n’eut pas pluſtost sçeu la choſe, qu’apres s’en eſtre eſclaircy luy meſme, il dépeſcha un des ſiens, pour aller dans le Bois donner advis à ces Princes de ce qu’il voyoit : donnant ordre à celuy qu’il envoya, dedire à Ligdamis qu’il les menaſt dans le fort du Bois, du coſté de la Riviere, où ils pourroient demeurer en ſeureté, juſques à ce que ces Troupes fuſſent paſſées : qui à ce qu’il croyoit, s’en alloient au bord du Pactole, où ſe faiſoit l’aſſemblée generale de toutes celles de Creſus. Cét homme