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de Cyrus, afin qu’elle ne fuſt pas en peine de luy. Ce Prince voulut auſſi, ſuivant ſes promeſſes, faire sçavoir au Roy d’Aſſirie, ce que Ligdamis alloit faire, mais comme il ne pouvoit manquer d’aprouver tout ce qui pouvoit ſervira, delivrer la Princeſſe Mandane, Ligdamis receut cent carreſſes de luy auſſi bien que de Cyrus : qui luy engagea encore une fois ſa parole, qu’en delivrant les Princeſſes, il delivreroit ſa Patrie. Cependant, quoy qu’il y euſt apparence que par cette voye on pourroit eſviter une longue guerre, Cyrus ne laiſſoit pas d’agir toûjours comme s’il euſt eſté aſſuré qu’elle devoit durer tres long temps. Il s’informoit par les Priſonniers, des paſſages des Rivieres ; des lieux propres à camper ; des poſtes avantageux ; de la fortification de leurs Places ; & de pluſieurs au tres choſes : & tout sçavant qu’il eſtoit en l’art de vaincre & de conquerir, il ne croyoit pas encore en sçavoir aſſez : de ſorte qu’il conſultoit ſans orgueil les vieux Capitaines de ſon Armée, & ne rejettoit pas meſme quelqueſfois les advis d’un ſimple Soldat : quoy qu’à parler raiſonnablement, il inſtruisist bien pluſtost ceux à qui il demandoit conſeil, qu’il n’eſtoit inſtruit par eux. Ces ſoins militaires ne l’empeſchoient pourtant pas de donner quelques unes de ſes penſées, à la civilité qu’il vouloit avoir pour les princeſſes captives, & pour tant de Rois & de Princes qui eſtoient dans ſon Armée : mais malgré tant de ſoins differents, & d’occupations diverſes, Mandane eſtoit la Maiſtresse abſoluë de ſon cœur, & l’objet de tous ſes deſirs. Il n’y avoit point d’heure où il ne ſe flataſt de l’eſperance de la voir bien-toſt delivrée : & il n’y en avoit point auſſi,