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vous fier à ma parole, il ſera à propos que je parte à l’heure meſme, pour luy aller aprendre qu’une Sœur que j’ay avec Cleonice, eſt dans vos chaines auſſi bien que moy : ne doutant pas que cette conſideration ne ſerve beaucoup à l’obliger de faire ce que vous ſouhaitez. Mais, Seigneur, adjouſta Ligdamis, ſouvenez-vous que vous me pro mettez de donner la paix à ma Patrie, ſi je vous rends la Princeſſe Mandane : je vous le promets ſi ſolemnellement, repliqua Cyrus, que vous ne devez pas craindre que j’y puiſſe jamais manquer : moy, dis-je, qui tiendrois ma parole à mon plus mortel ennemy, quand il y auroit cent Couronnes à perdre. Je penſe Seigneur, luy dit Ligdamis, que vous laiſſant ma Maiſtresse & ma Sœur, vous pouvez vous fier à moy, ſans craindre que je manque à revenir : ſi je ne m’y eſtois pas voulu fier, reſpondit-il, je ne vous aurois pas parlé comme j’ay fait.

Apres cela, Ligdamis le ſupplia de luy vouloir donner quelqu’un des ſiens, de peur qu’il ne fuſt arreſté dans les Quartiers où il paſſeroit : & afin auſſi qu’il puſt luy teſmoigner comme il agiroit auprés de ſon Pere ſi par hazard le Prince Artamas avoit eſté refuſé, & qu’il fuſt party du Chaſteau d’Hermes, quand il y arriveroit. Cyrus ayant deſja conçeu une grande eſtime pour Ligdamis, ne luy euſt aſſurément donné perſonne pour faire ce Voyage que des gens pour le ſervir, s’il n’y euſt eu que cette derniere raiſon : mais la premiere eſtant plus ſorte, il luy donna Feraulas. Si bien que ſans differer davantage, ils ſe preparerent à partir pour aller au Chaſteau d’Hermes : Ligdamis eſcrivant touteſfois un Billet à ſa chere Cleonice, avec la permiſſion