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bien-toſt la ſatisfaction de voir la paix par toute l’Aſie. Cependant, adjouſta-t’elle, ſans vouloir penetrer trop avant dans ſes ſecrets, ſuppliez-le ſeulement de ma part, de conſiderer Ligdamis & Cleonice, comme deux perſonnes de qui les intereſts me ſont fort chers. Araſpe l’ayant aſſurée qu’il ne manqueroit pas à luy obeïr, la quitta apres l’avoir ſalüée avec ce profond reſpect qu’il avoit accouſtumé de luy rendre, qui n’avoit pas moins ſon fondement dans l’eſtime extraordinaire qu’il faiſoit des rares qualitez de cette Princeſſe, que dans ſa condition. En fuite de quoy montant à chenal à l’heure meſme, il fut rendre conte à Cyrus de la commiſſion que Chriſante luy avoit donnée : Panthée demeurant avec Cleonice qu’elle renvoya quérir, afin de pouvoir : parler avec elles, de toutes les choſes qu’Iſmenie luy avoit appriſes, qui fut auſſi de cette converſation. Mais pendant qu’elles s’entrenoient ainſi, Araſpe obeïſſant à Panthée, fut au Camp : & allant droit à la Tente de Cyrus, il n’y fut pas pluſtost entré, que ce Prince s’imaginant bien qu’il auroit executé ſes commandemens, luy donna lieu de luy parler en particulier. Et bien, luy dit-il, en ſoûriant, inſensible Araſpe, quelle nouvelle m’aportez-vous de Ligdamis ? Seigneur, luy repliqua-t’il en changeant de couleur, celuy dont vous parlez eſt certainement amoureux de Cleonice, à ce que m’a aſſuré la Reine de la Suſiane : Cyrus fut bien aiſe d’avoir appris cette nouvelle, eſperant par là faire bien mieux reüſſir le deſſein du Prince Artamas : de ſorte qu’apres apres avoir renvoyé Araſpe, avec ordre de remercier tres civilement Panthée, il envoya chercher Ligdamis, qui eſtoit avec Feraulas dans la Tente de