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l’execution de ce qu’ils ſouhaitent ardemment : mais apres y avoir bien penſe, nous trouvaſmes que Stenobée eſtoit un empeſchement conſiderable : parce qu’elle ne haïſſoit pas Hermodore, & qu’ainſi elle ne ſouffriroit pas qu’on luy fiſt une violence chez elle. Touteſfois un moment apres, Cleonice ſe ſouvint que la Mere partoit le lendemain de grand matin, pour aller coucher à cent cinquante Stades d’Epheſe, & qu’elle n’en reviendroit que le jour ſuivant : cét obſtacle eſtant donc oſté, nous trouvaſmes cét expedient aſſez bon, & le ſeul que nous pouvions prendre. Je laiſſay donc Cleonice, afin d’aller chez moy, où je ne fus pas pluſtost, que j’envoyay querir ce Parent de Ligdamis, qui eſtoit un homme de cœur, & capable d’une reſolution comme celle là : Dés qu’on l’eut trouvé & qu’il fut venu, je luy racontay la choſe, & le fis reſoudre à ce que je ſouhaitois : ſi bien que ſans perdre temps, il fut s’aſſurer des gens qui luy eſtoient neceſſaires, pour executer ce que nous avions reſolu. Je vous laiſſe donc à penſer, avec quelle impatience Cleonice & moy attendions le lendemain : Ligdamis de ſon coſté eſtoit bien en peine, de raiſonner ſur ſon advanture : car il ſe voyoit arreſté au nom du Gouverneur d’Epheſe, & il connoiſſoit pourtant bien que ceux qui l’arreſtoient n’eſtoient pas de ſes Soldats. De plus, il voyoit encore qu’on le laiſſoit dans la maiſon d’un homme qui eſtoit à luy, & qu’il ne voyoit pourtant pas paroiſtre : Car ce traiſtre n’avoit pas eu la hardieſſe de ſe trouver dans la Chambre où il eſtoit, lors qu’on l’avoit arreſté. Mais enfin ſans pouvoir deviner la verité de ſon avanture, il nous a dit depuis qu’il ſongea bien plus à la douleur qu’auroit Cleonice de ſon infortune,