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belle Cleonice ne ſera plus importunée de mon amour. L’abſence toute ſeule n’a pourtant pas cauſé ma gueriſon : & j’ay eu beſoin d’un remede plus puiſſant. J’ay donc trouvé dans nos Bois une perſonne moins belle, je l’adveuë, mais plus ſensible, qui m’a rendu capable d’obeïr au commandement que l’on avoit fait.

Ha, Iſmenie, (interrompit Cleonice en jettant ſon ouvrage ſur la table, en ſe levant, & en voulant lire elle meſme) ce que vous dites là n’eſt point dans la Lettre de Ligdamis ! C’eſt aſſeurément, luy dis-je en la cachant, que vous ne voulez pas que cela y ſoit : Mais dites moy de grace ce que vous voulez que j’y liſe. Je ne veux point que vous y lifiez rien, dit elle, car je la veux lire moy meſme, quoy qu’il y puiſſe avoir. Voyant alors la curioſité de Cleonice, apres luy avoir encore reſisté quelque temps, afin de luy donner plus d’envie de voir cette Lettre, & luy avoir encore parlé comme ſi ce que j’avois feint d’y lire y euſt effectivement eſté ; je la luy donnay : de ſorte que l’ouvrant à l’heure meſme, elle y leut ces paroles.


LIGDAMIS A ISMENIE.