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par la Reine de la Suſiane. Il fut donc à ſa Chambre dés qu’il fut permis d’y entrer, où il trouva deſja Cleonice : mais quoy qu’il taſchast de tourner la converſation du coſté qu’il la vouloit, il ne pût rien deſcouvrir : ſi bien qu’il fut à la fin contraint de dire tout bas à Panthée, l’ordre qu’il avoit reçeu de Cyrus : luy faiſant comprendre qu’il luy importoit extrémement de sçavoir quel intereſt Ligdamis prenoit à Cleonice ; & luy diſant preciſément tour ce que Cyrus avoit ordonné qu’on luy diſt. La Reine de la Suſiane l’entendant parler ainſi, luy dit qu’elle ne sçavoit autre choſe de Ligdamis, ſinon que devant qu’elle allaſt à Suſe il eſtoit ſi ennemy de l’amour, qu’il n’eſtoit pas croyable qu’il fuſt devenu Amant. Que neantmoins comme elle jugeoit bien que cette curioſité que Cyrus avoit, ne pouvoit manquer d’avoir une juſte cauſe, quoy qu’elle ne la compriſt pas ; elle luy promettoit de s’en informer. Mais, luy dit elle, pour le pouvoir faire, il faut que je ſois ſeule avec Cleonice : c’eſt pourquoy retirez vous, & donnez ordre que perſonne ne nous interrompe. Araſpe obeïſſant à Panthée ſortit comme ſi elle l’euſt envoyé en quelque lieu : en fuite dequoy cette Princeſſe, apres quelques autres diſcours, demanda à Cleonice ſi Ligdamis eſtoit touſjours de la meſme humeur qu’il eſtoit autrefois ? Il eſt ſans doute touſjours de fort agreable converſation, repliqua Cleonice : Ce n’eſt pas ce que je vous demande, luy reſpondit Panthée, mais je veux sçavoir s’il eſt toûjours ennemy de l’amour & des Amants. Cleonice rougit à ce diſcours : & ſous-riant à demy ; comme je n’eſtois pas la confidente de Ligdamis, reprit-elle, lors que j’avois l’honneur de vous voir, je ne sçay, Madame, pour quoy vous me demandez une