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douce. Cyrus reſpondit au diſcours de Panthée, avec ſa generoſité ordinaire : en ſuite dequoy cette Princeſſe luy a prit, que le Pere de cette belle priſonniere eſtoit nay ſujet du ſien, puis qu’il eſtoit de Claſomene, quoy qu’il euſt eſté demeurer à Epheſe. Qu’ainſi il y avoit long-temps qu’elle connoiſſoit Cleonice, & qu’elle avoit beaucoup d’amitié pour elle : luy diſant encore qu’elle eſtoit de tres bonne condition, & le conjurant de vouloir la laiſſer aupres d’elle, avec toutes les Dames de ſa compagnie ; quoy quelle ne les connuſt pas. Cyrus luy accorda tout ce qu’elle voulut : luy diſant meſme qu’il luy offriroit leur liberté, s’il ne croyoit que leur preſence luy ſeroit agreable, & la pourroit divertir. En ſuite, Cyrus demanda à celle de ces Dames qui ſe nommoit Cleonice, ſi elle eſtoit des Amies du Prince Artamas ? jugeant impoſſible qu’elle ne l’euſt pas connu ſous le fameux nom de Cleandre. Seigneur, luy reſpondit elle en rougiſſant, je dois l’honneur que j’ay d’en eſtre connuë, au genereux Ligdamis que vous voyez (dit elle en luy monſtrant de la main le priſonnier que Chriſante avoit fait) & je ne doute pas que dés qu’il sçaura que nous ſommes dans vos chaines, il ne vous prie de nous les rendre les plus legeres que les Loix de la guerre le peuvent permettre. L’illuſtre Cyrus, interrompit Araminte, n’en fait point porter de peſantes : & il ſuit bien plus exactement les loix de la generoſité, que celles de la guerre dont vous parlez. Pendant qu’Araminte parloit ainſi, Panthée regardoit Ligdamis, & ſembloit chercher dans ſa memoire à ſe reſouvenir du nom qu’elle venoit d’entendre : puis tout d’un coup luy adreſſant la parole ; je vous prie de me dire, luy dit-elle en ſous-riant, ſi vous eſtes d’Epheſe ; ſi voſtre