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d’où dépendoit la liberté de la Princeſſe Palmis. De ſorte que ſans rien dire de ſon deſſein qu’à Soſicle, il ſe deſguisa la nuit ſuivante, & fut luy meſme faire ce qu’il avoit propoſé : laiſſant un Billet pour le Roy ſon Pere, par lequel il le prioit de luy pardonner s’il ne luy avoit pas demandé permiſſion de faire le voyage qu’il entreprenoit : mais que craignant qu’il ne la luy euſt pas accordée, il n’avoit pas voulu s’expoſer à luy deſobeïr, ou à deſtruire un grand deſſein, d’où le bonheur de Cyrus & le ſien deſpendoient abſolument. D’abord le Roy de Phrigie fut un peu irrité contre ſon Fils : mais Cyrus loüa tant cette action, que s’agiſſant en effet de ſon ſervice, il n’oſa pas s’en pleindre ouvertement. Cependant ceux qui commandoient aux Quartiers advancez vers la Lydie, faiſoient touſjours quelques courſes ſur les Ennemis : & il n’y avoit point de jour qu’il ne ſe fiſt quelques petits Combats, qui entretenoient le deſir de vaincre dans le cœur des gens de guerre, par le butin qu’ils faiſoient : Cyrus ne reſervant jamais pour luy que la gloire & les priſonniers, afin de les pouvoir delivrer : encore recompenſoit il ſi magnifiquement ceux qui les avoient faits, ſi c’eſtoient des perſonnes de quelque conſideration qu’ils euſſent pris, qu’ils ne l’auroient pas eſté ſi bien par ces priſonniers meſme, quelque rançon qu’ils euſſent offerte. Chriſante qui commandoit à un des Quartiers les plus advancez, ayant sçeu par les eſpions qu’il avoit, que deux cents chevaux des ennemis eſcortoient un Chariot plein de Dames, qui tenoient le chemin qui conduiſoit au Chaſteau d’Hermes, afin d’aller paſſer la Riviere en cét endroit : il commanda quatre cens chevaux, pour aller faire