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aporté des Lettres, mais encore de ſes malheurs paſſez, & de ſes malheurs preſens. Deux jours apres qu’Aglatidas fut arrive, Artabaſe que Cyrus avoit envoyé en perſe vers le Roy ſon Pere & vers la Reine ſa Mere, revint auprés de luy : Madate s’eſtant arreſté auprés de Ciaxare. Il le receut avec toute la joye dont ſon aine pouvoit eſtre capable en l’eſtat qu’eſtoit Mandane, voyant qu’il luy apportoit des Lettres de deux perſonnes pour qui il avoit un reſpect extreſme. Il les leut avec d’autant plus de plaiſir, qu’il y trouva le pardon qu’il leur avoit demande, conçeu en des termes ſi obligeants & ſi tendres, qu’il luy fut aiſé de connoiſtre que la Renommée leur avoit parlé pour luy. Artabaſe luy dit encore beaucoup de choſes de leur part, qui luy firent bien voir que ces deux illuſtres perſonnes avoient l’ame Grande & heroïque : il eſtoit meſme chargé de preſens magnifiques pour Cyrus : & il l’aſſura de plus, que Cambiſe faiſoit faire de nouvelles levées pour luy envoyer. Si bien que ce Prince faiſant reſpandre ce bruit dans ſon Armée, tous les Soldats en prirent encore un nouveau cœur. Artabaſe apporta auſſi à Chriſante une Lettre de la Reine de Perſe, qui au lieu de le quereller, de luy avoir ſi long temps caché que le Prince ſon Fils vivoit ; luy rendoit grace de l’avoir ſi bien eſlevé. Quelques jours apres, Timocreon & Tegée sçeurent par ceux qu’ils avoient envoyez à Sardis, qu’infailliblement on y conduiroit la Princeſſe Mandane, & la Princeſſe Palmis. Que l’on preparoit dans la Citadelle un Apartement pour la Princeſſe de Lydie, & un autre dans le Palais du Roy pour la Princeſſe Mandane. Qu’à ce que l’on pouvoit juger, on les y meneroit dans quinze ou vingt jours : & que Creſus avoit ; deſſein