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ce qu’ils font : puis qu’il ne ſeroit pas juſte qu’ils refuſassent de recourir un Prince qui leur donna ſi liberalement tout l’or dont ils avoient beſoin, pour faire la merveilleuſe Statue d’Apollon que j’ay veuë pendant mes voyages, auprés du Mont Thornax en Laconie : Mais pour le Roy d’Egipte, je ne voy pas quelle alliance il peut avoir avec Creſus, ny quel intereſt à démeſler avec Ciaxare. Quoy qu’il en ſoit, adjouſta-t’il, plus nous aurons d’ennemis à combattre, plus nous aurons de gloire à vaincre. Cét amas de troupes Eſtrangeres, ne ſervira qu’à mettre la diviſion parmy eux, & le deſordre dans leur Armée : n’eſtant pas poſſible que des gens qui combatent de manieres ſi differentes, puiſſent en ſi peu de temps ſe ſoûmettre à une meſme diſcipline. En fuite Cyrus leur aprit le nouveau ſecours que Ciaxare luy envoyoit par Aglatidas : de ſorte que leur eſlevant le cœur, par la grandeur de ſon courage, il fit que ce meſme eſprit qu’il leur inſpira, paſſa de ces Rois aux Capitaines, & des Capitaines aux Soldats : ſi bien que le bruit qui s’épandit parmy eux, du nouveau ſecours qui ſe preparoit pour Creſus, ne les eſtonna point : & ne les empeſcha pas d’eſperer la victoire, tant que l’illuſtre Cyrus les commanderoit. L’impatience qu’ils avoient de combattre faiſoit, qu’encore que le Printemps approchaſt fort, ils le trouvoient pourtant trop long à venir : tous les perſans prioient le Soleil qu’ils adoroient, d’advancer ſa carriere en leur faveur : Les Medes n’eſtoient gueres moins preſſants, aux prieres qu’ils faiſoient à leurs Dieux : & chaque Nation en ſon particulier offroit des vœux au Ciel pour le meſme deſſein de combatre, tant ils avoient d’envie de voir leur illuſtre Général à la fin de tous ſes travaux, par la deffaite de Creſus, &