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Aglatidas ; & qui m’aſſura qu’il feroit en ſorte qu’Ameſtris ne s’arreſteroit pas ſi exactement au deüil d’Otane, qu’elle avoit deſja porté. Il ne fut touteſfois pas poſſible de gagner cela ſur elle : & les prieres de Ciaxare, non plus que celles de Menaſte, d’Aglatidas, & de moy, n’y ſervirent de rien : & il falut laiſſer paſſer ſon deüil, ſelon la couſtume d’Ecbatane. Cependant le Roy voulant empeſcher quelque nouveau malheur, commanda ſi abſolument aux Rivaux d’Aglatidas de ne ſonger jamais à Ameſtris, qu’ils furent contraints d’obeïr. Je ne vous dis point, Seigneur, apres cela, quelle fut la joye d’Aglatidas & d’Ameſtris en cette occaſion ; la douleur des trois Amants mal-traitez ; & la fureur d’Anatiſe ; car je n’aurois pas allez de jour pour vous bien dépeindre toutes ces choſes. Mais je vous diray que lors qu’Ameſtris eut quitté le deüil ; que le jour des Nopces fut pris ; & que toute la Ville fut en Feſte ; tous ces Amants infortunez s’abſenterent auſſi bien qu’Anatiſe : & nous laiſſerent la liberté toute entiere de gouſter la joye toute pure de nos bien-heureux Amants : qui ſans ſe ſouvenir plus des malheurs paſſez, bannirent abſolument de leur cœur l’inquietude ; la crainte ; & meſme l’eſperance : qui apres tout, ne donne que des plaiſirs imparfaits ; pour recevoir à ſa place, toute la felicité que l’amour raiſonnable peut donner. Enfin, Aglatidas eſpousa Ameſtris dans le plus fameux de nos Temples, en preſence du Roy ; de toute la Cour ; & de toute la Ville. Apres cela, Seigneur, je n’ay plus rien à vous dire, ſi ce n’eſt qu’encore qu’Aglatidas aime beaucoup plus Ameſtris, qu’il ne faiſoit auparavant qu’elle fuſt à luy : neantmoins l’amour de la gloire, & plus