Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, quatrième partie, 1654.djvu/385

Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’il n’euſt promis ſolemnellement de ne faire plus ſortir d’Ecbatane, & de ne la maltraiter plus. Ameſtris remercia le Roy des ſoings qu’il avoit d’elle, & voulut toutefois encore l’obliger ; à delivrer Otane ſans conditions, mais il ne le voulut pas. Cependant comme Otane eſtoit fort haï, ſi Ameſtris ſollicitoit pour luy, beaucoup ſollicitoient contre : & entre les autres, un ancien ennemy de ſa Maiſon le faiſoit ſi ouvertement devant tout le monde, qu’Otane meſme en fut adverty. Mais le Roy à quelques jours de là, fit venir Otane en ſa preſence : & après luy avoir reproché ſa perfidie envers luy, & ſon injuſtice envers Ameſtris ; il luy aprit que malgré toutes ſes cruautez pour elle, cette vertueuſe perſonne n’avoit pas laiſſé de venir luy demander ſa vie & ſa liberté. Il luy dit en ſuite, qu’il avoit accordé la premiere à ſes perſuasions, & qu’il luy avoit refuſé l’autre : ſi ce n’eſtoit qu’il promiſt ſolemnellement, de ne mener plus Ameſtris aux champs, & de ne la maltraiter jamais. Otane entendant parler Ciaxare de cette ſorte ; au lieu de le remercier, & d’accepter promptement ce qu’il luy offroit ; eut l’inſolence de luy demander, ſi toutes ces precautions eſtoient du conſentement d’Ameſtris ? Le Roy ſurpris de ce prodigieux effet de jalouſie, luy reſpondit avec une bonté extréme, qu’au contraire, Ameſtris s’y eſtoit oppoſée : mais quoy que ce Prince puſt dire, Otane ne pût touteſfois ſe reſoudre preciſément, & il demanda trois jours pour cela : pendant leſquels il ſouffrit ſans doute tout ce que l’on peut ſouffrir. Car il jugeoit bien qu’à moins que de vouloir ſe perdre, il faudroit qu’il tinſt ſa parole à Ciaxare : & il ſentoit ſi bien en luy meſme qu’il ne le pourroit jamais, qu’il ne sçavoit