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en celle de leur paſſion. Les choſes eſtant donc en ces termes, & n’y ayant plus que trois tours juſques à celuy de leur Mariage : il en arriva une, qui troubla eſtrangement la joye d’Aglatidas & d’Ameſtris.

Mais Seigneur, pour ne vous tenir pas j’eſprit en ſuspens ; comme je le pourrois faire : il faut que je vous face voir d’abord, ce qui cauſa tant d’inquietudes, à deux Perſonnes qui n’en avoient plus, & qui croyoient n’en avoir plus jamais. Je vous ay, ce me ſemble, deſja fait connoiſtre qu’Anatiſe eſtoit à cinquante ſtades d’Ecbatane, & que Tharpis l’y alloit ſouvent viſiter : corne ils eſtoient donc un jour enſemble à ſe promener dans une grande route qui aboutit au grand chemin qui conduit à Ecbatane, lors que l’on vient du coſté des Montagnes des Aſpires : eſtant, dis-je, fort occupez à chercher par quelle voye ils pourroient troubler la felicité d’Aglatidas & d’Ameſtris : ils virent venir un homme à cheval, qui au lieu de continuer de ſuivre le chemin d’Ecbatane, prenoit celuy de la route où ils eſtoient. Anatiſe qui n’eſtoit pas en humeur de reçevoir viſite, euſt bien voulu eſviter celle là : neantmoins s’imaginant que c’eſtoit peut-eſtre quelqu’un qui venoit voir une Tante chez qui elle demeuroit, elle deſtourna ſa promenade ; feignant de n’avoir pas pris garde à celuy qui venoit vers elle. Mais une Fille qui la ſuivoit, l’ayant reconnu pour eſtre ſon Frere, Eſcuyer d’Otane, elle fit un grand cry : & quittant ſa Maiſtresse, elle fut vers luy les bras ouverts pour l’embraſſer : car il eſtoit deſcendu de cheval au bout de la route, & l’avoit donné à tenir à un homme qui le ſuivoit. Anatiſe au cry de cette Fille, qui avoit creû ſon Frere mort, tourna la teſte, & reconnut Dinocrate, qui luy avoit