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huy, car j’y ay eſté trois fois apres diſner. Ce n’a pas auſſi eſté ma faute (pourſuivit Tharpis qui eſtoit aſſis auprés d’elle) ſi je n’ay eu le meſme honneur : car j’y ay eſté autant de fois qu’Aglatidas. Ce n’eſt pas pour vous accabler, adjouſta Artemon, que je vous dis que j’y ay auſſi eſté deux fois : mais ſeulement pour vous aprendre que je ne manque pas à mon devoir. Pour moy, interrompit Menaſte, je ne sçay pas ce qu’Ameſtris a fait aujourd’huy : car tous ceux qui me ſont venus voir, m’ont dit qu’ils ont eſté chez elle, & par toute la ville, ſans la pouvoir trouver en nulle part. Pluſieurs autres perſonnes qui eſtoient là, ayant encore dit la meſme choſe, Ameſtris en eſtoit ſi eſtonnée, qu’elle ne reſpondoit point ; cherchant en elle meſme comment il pouvoit eſtre que n’ayant point ſorty, tant de monde euſt eſté chez elle, & que perſonne ne l’euſt veuë. Menaſte s’ennuyant de ſon ſilence, & ne pouvant pas ſoupçonner qu’il y euſt de miſtere caché à cette avanture, preſſant Ameſtris de reſpondre. Mais encore, luy dit-elle, apprenez nous ce que vous avez fait : ſi vous ne voulez, pourſuivit-elle en abaiſſant la voix, que je croye que l’Ombre d’Otane vous a paru, pour vous ordonner de vivre un jour en retraite, afin d’appaiſer ſes Manes irritez. En verité, reſpondit tout haut Ameſtris, je ſuis ſi ſurprise de ce que j’entens, que je ne puis pas le comprendre : car enfin je n’ay point ſorty d’aujourd’huy que pour venir icy : Et Megabiſe (pourſuivit-elle en rougiſſant, ſans s’en pouvoir empeſcher) a paſſé toute l’apres-diſnée avecques moy. Aglatidas croyant qu’elle ne diſoit la choſe, que Parce qu’elle avoit peut-eſtre remarqué que nous l’avions veuë ſortir, ne put jamais s’empeſcher de luy donner