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dont il les reçeut : mais s’eſtant contentez de faire leur viſite courte, ils le laiſſerent dans la liberté de s’entretenir luy meſme. Par bon heur pourtant Artemon arriva, auparavant qu’il euſt reveu Ameſtris, eſtant allé accompagner ceux qui ſortoient : car ſans cela peut-eſtre ſe ſeroit-il emporté à quelque extréme violence contre elle. D’abord qu’il le vit, voyez (luy dit-il, en luy donnant la Lettre qu’il venoit de recevoir) ſi j’avois tort de croire qu’Aglatidas & Ameſtris eſtoient touſjours bien enſemble. Artemon la prit donc & la leut : mais n’y trouvant pas un mot de ce qu’Otane diſoit, & n’y voyant autre choſe ſinon qu’Aglatidas luy avoit fait donner le Gouvernement de la province des Ariſantins, qu’il avoit tant ſouhaitté : comment eſt-il poſſible, luy dit-il, que vous raiſonniez d’une façon ſi oppoſée à la mienne ? Et quoy, reſpondit Otane, ne paroit-il pas clairement qu’Ameſtris a eſcrit en ſecret à Aglatidas, que je deſirois fort ce Gouvernement, & que ce ſeroit peut-eſtre une bonne voye pour nous remettre bien enſemble, & pour leur donner la liberté de ſe voir, s’il pouvoit me le faire obtenir ? Point du tout, interrompit Artemon, & je ſoustiens au contraire, qu’Ameſtris vous connoiſſant comme elle fait, n’aura jamais eſté capable de croire qu’une Couronne, ſi Aglatidas vous la pouvoit donner, vous pûſt obliger à ſouffrir qu’il la viſt, ny qu’il vous viſitast. Ainſi je conclus qu’Ameſtris n’a point de part à la choſe & que ſi Aglatidas l’a faite, il l’a faite par generoſité toute pure, & parce qu’il ne vous hait pas, comme vous le haïſſez. Vous avez une ſi grande diſposition à excuſer touſjours Ameſtris, luy dit-il fort en colere, que je penſe qu’il eſt